Pierre et légendes.

La présence de tous les rochers sur le territoire d'Écoche obligea nos ancêtres à épierrer les champs -ouvrage long et pénible- mais certains rochers résistèrent. Ces roches favorisèrent  la naissance de petites légendes, d'ailleurs fréquentes dans maints villages médiévaux.

La disposition de certains chaos granitiques évoqua des demeures de fées. L'histoire racontée de générations en générations aboutit en 2018 à dénommer l'école publique "école de la roche aux fées".

 

Ici , roches aux fées près de la roche Cervière

Panneau placé près de la "baignoire" des fées.

Ci-dessous : quand les fées pétrifiées sont en pleine conversation.



En réalité, dans le patois traditionnel, les fées se disent fayoules ; sans doute à relier à fayard qui est le hêtre. Les fayoules seraient donc les êtres des bois de hêtres. Le fayard, longtemps roi des forêts écochoises avant d'être détrôné par le douglas au XXe siècle, a donné des patronymes comme Lafay Fayard, etc. ou des toponymes comme le bois de la Fay à Saint Germain la Montagne.


Près de goutte sourde, le chemin passe au-dessus de la roche du fer à cheval. L'empreinte aurait été celle du pied du cheval d'Henri IV. Ce roi avait été si populaire que l'on imaginait qu'il était passé partout en France!


Dans les bois de Rottecorde, tout près du "toit" d'Écoche (791 m), de nombreuses pierres aux arêtes vives et parfois quasi rectilignes ont nourri l'imagination des habitants d'autrefois et contribué aux légendes locales. ainsi celle-ci : "sur le sommet d'Écoche (Fontimpe était partie d'Écoche jusqu'en 1856) il y aurait eu une antique cité (genre oppidum celte) qu'un raid barbare aurait détruite. La violence des guerriers aurait teinté de sang les ruisseaux qui descendaient de ces hauteurs. Les rares survivants seraient aller fonder Thizy....

"When the legend becomes fact, print the legend" selon John Ford : "Quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende



Ci-dessous au Cret-Loup emplacement de la pierre des morts en 2018 après le bouleversement provoqué par l'élargissement du chemin descendant de Rottecorde pour en faire une piste forestière en vue du débardage des douglas.

Selon la tradition, les habitants de Fontimpe qui, avant 1850, dépendaient de la paroisse d'Écoche, donc du cimetière, descendaient les cercueils des défunts à dos d'homme et, ici, faisaient une halte pour déposer, l'espace d'un instant, le cercueil sur une pierre plate. Cette tradition revêt bien sûr une part de vérité mais aussi quelques aspects erronés.

-Effectivement le carrefour du Cret-Loup était bien situé sur le passage des habitants de Fontimpe et après une descente difficile, les porteurs avaient besoin d'un peu souffler et par respect pour le mort ne pouvaient déposer la bière à terre!

-Cependant il semble possible que l'itinéraire arrivât à ce carrefour non par ce chemin mais par celui passant par la Font Charbonnier. La pierre aurait donc puse trouver à droite de l'autre chemin.

-Autrefois la pierre des morts pouvait désigner un lieu où le prêtre venu depuis l'église paroissiale rencontrait le cortège funéraire. La pierre avait un côté sacré ; souvent une croix marquait son emplacement. On voit par là que dans le récit final plusieurs traditions ont pu se mélanger,  à la fois triviale (le besoin d'une halte) et religieuse (le sacré) : il  y a effectivement sur place une très belle croix en bois érigée en 1827, refaite en 1990 mais sûrement à la place d'une bien plus ancienne croix ; elle est dite croix de Saint Christophe, indiquant un carrefour important.

-Plus simplement, les grosses machines du 21e  siècle ont tout bousculé et ont confondu deux sacrés : le sacré chrétien qui exigeait une pierre plate comme un autel et le sacré païen qui dressait des pierres. D'où cet espèce de menhir dont on repère d'ailleurs un côté aplati! Si pierre des morts il reste, ce ne pouvait être qu'une pierre horizontale! Quand dans un champ clos de murets, existaient des pierres levées, il s'agissait de pierres marquant l'entrée du champ.

entrée d'un ancien champ près des Bruyères